RDC : la ville de Kisangani est mieux que l’Europe

Vous vivez au Congo, vous y êtes pour quelque temps, vous y êtes en vacances… Vous n’avez jamais visité Kisangani, la troisième ville de la RDC ? Je vous conseille d’y faire un tour, car c’est une ville pas comme les autres, une ville où coule le miel comme le Canaan. Cela fait rire mais il faut le découvrir, car « ina pita bulaya ».

« Kisangani ina pita bulaya », c’est un slogan populaire en swahili, dans la ville de Kisangani, qui veut tout simplement dire : « Kisangani est mieux que l’Europe ». Hein, c’est grave, une simple ville en RDC, être mieux que l’Europe ? Pour les vrais Boyomais (habitants de Kisangani), Kisangani est mieux que l’Europe, mais avec quoi ? Venez découvrir pourquoi.

La vie à Kisangani

Kisangani possède le meilleur marché au monde, car la nourriture est la moins chère. On se croirait à l’entrée de l’AFDL et en plus, c’est bio… Les Boyomais mangent bio. Haricots, poisson, bananes, Makayabo (poisson salé), pondu (feuille de manioc)… Tout en moins cher. On ne dort pas affamé à Kisangani, puisqu’avec 1000 FC, tu peux faire un faux tour au malewa (gargote) et bien manger. Mais la nourriture du malewa présente beaucoup de risques alimentaires.

Les habits sont trop chers, à cause de la majoration de ces commerçants qui partent faire leurs achats à Kampala. Pour gagner plus, ils pratiquent les prix illicites. Aux environs du marché, les roulages entrain de tracasser les taximen sans infractions. Dans le marché central, vous allez trouver les neveux de tout le monde (les enfants de la rue) : ils peuvent vous souhaiter la bienvenue dans la ville en vous soutirant frauduleusement l’argent ou autres objets de valeurs. Faites donc attention. La nuit, les environs du marché se transforment en Pakadjuma (un quartier de Kinshasa où la prostitution est prioritaire).

La ville de Kisangani est composée de six communes dont Makiso, Kabondo, Mangobo, Tshopo, Lubunga et Kisangani, y compris le secteur Lubu-yabera. Makiso, c’est le centre-ville (Gombe) : toutes les activités importantes de la ville y sont centrées, et c’est là que vous trouverez les hôtels chers mais à discuter.

Déjà, quand vous êtes à Kisangani, prière de faire un tour dans les autres communes, surtout ces trois-là) : Mangobo, en gardant votre bouche fermée, surtout le quartier Matete. Vous allez rencontrer les réalités de la banlieue 13. Kabondo, de même, mais là c’est un peu différent : il suffit de déranger les gars de Kossovo pour connaître leurs vrais visages. La commune Kisangani, parce qu’il y a un site touristique, les chutes Wagenia : vous allez manger le poisson pêché sur place par les pêcheurs Wagenia, comme à Kinkole, et vous aurez la chance de voir où Henry Morton Stanley a mis pieds et prendre une photo souvenir…

Quand vous êtes à Kisangani, faites un tour sur l’avenue Musibasiba : moi, je l’ai surnommée boulevard de la mort. C’est le quartier phare de la ville car on y trouve plusieurs bars, terrasses, boites de nuits et pendant que vous y êtes faites attention où vous fixer vos yeux et de ne pas draguer n’importe quelle fille : vous risquez de payer plus de 100$ cadeau (sans avoir rien fait) car ces filles créent des problèmes alors vous êtes prévenus, nous sommes à Zambeke, où la prostitution est libre.

Le courant transformé en jeu de lumières

A Kisangani, quand la SNEL dit qu’une de ses machines est en panne et que la ville ne bénéficiera pas de ses services ce jour-là, toute la ville sera dans le noire et pendant ce temps là, son bâtiment administratif, la BRALIMA, la SOTEXKI et le quartier de résidence du gouverneur, sont éclairés. Difficile à trouver d’où vient et par où passe ce courant…

La ville est tellement électrifiée que le courant n’est qu’au centre-ville, du lundi au vendredi, et les autres communes les week-ends. Et ce n’est même pas 24h/24.

Kisangani ina pita bulaya na nini ? (Kisangani est mieux que l’Europe avec quoi ?)

Le monsieur avec qui je me suis entretenu m’a confié que Kisangani est mieux que l’Europe par sa nourriture car c’est bio. Par les belles femmes qu’on ne trouvera nulle part ailleurs, alors si vous n’êtes pas encore en couple, venez chercher ou trouver la bonne femme à Kisangani. C’est l’unique ville au monde, comme les autres villes de la RDC, où on ne paie pas les taxes, encore moins les impôts, et on n’en parle pas parce que c’est un sujet tabou.

Kisangani a des routes qui soignent, il y a des merveilles. Kisangani est une ville cosmopolites : vous êtes chez vous à Kisangani, c’est une ville qui parles toutes les langues possible. Kisangani est sécurisé : comme toutes les ville de la RDC vous pouvez marcher tard dans la nuit sans être dérangés par n’importe qui, à part les policiers qui patrouillent la nuit et qui changent leur travail en tracasseries. C’est la seule ville du Congo où les enfants apprennent dès le bas âge en même temps deux langues nationales, le Swahili et le Lingala. C’est l’unique ville du pays où les populations, tant de l’Est que de l’Ouest, peuvent se retrouver sans se sentir dépaysées et où leur cohabitation ne pose aucun problème. C’est la ville où n’importe quel Congolais peut tenter l’aventure sans se sentir étranger.

Paradoxalement, Kisangani a offert tant d’opportunités à plusieurs Congolais, mais n’a jamais produit un leader local de dimension nationale. C’est peut-être là le destin de cette ville : berceau des grands leaders. Kisangani n’est pas seulement la frontière linguistique entre le swahili et le lingala, mais c’est aussi la frontière religieuse entre l’Islam qui s’est répandue dans la région du Kindu, et le Christianisme qui domine dans la partie Ouest du Congo. Cette frontière religieuse est perceptible dans la ville où on remarque des mosquées dans une commune et des églises dans d’autres.

La ville de Kisangani reste effectivement le point de départ de plusieurs acteurs politiques qui ont marqué sensiblement l’histoire de ce pays. C’est la ville de Henry Morton Stanley, de Patrice Emery Lumumba, d’Antoine Gizenga, de Joseph Désiré Mobutu, de Laurent Désiré Kabila, de Joseph Kabila, de Roger Lumbala, de Jean-Pierre Bemba, de Jean Pierre Ondekane, de Laurent Mosengwo, Koffi Olomide, pour ne citer que ceux-là.

Fort de toutes ces particularités techniques et socioculturelles, Kisangani serait indiquée pour être la capitale de la RDC, Kisangani est la ville d’espoir.

A vous, mes lecteurs je vous conseille de faire un tour et de découvrir avec quoi cette ville est mieux que l’Europe réunie.

J’attends vos découvertes.